Déficit en pyruvate déshydrogénase :
Définition
Le déficit en pyruvate déshydrogénase (DPD) est une maladie neurologique rare associant des anomalies neurologiques et du métabolisme énergétique de gravité variable. Les manifestations, variables, vont d’une forme néonatale létale à des présentations neurologiques plus tardives. Selon la sous-unité du complexe PD affecté, six sous-types ont été décrits, dont certains ont des caractéristiques communes : DPD E1-alpha, DPD E1-bêta, DPD E1 et E3, déficit en protéine de liaison E3 du complexe PD et déficit en phosphatase du complexe PD.
Epidémiologie
La prévalence exacte reste inconnue ; des centaines de cas ont été décrits.
Description clinique
Le DPD peut affecter le développement fœtal, avec un retard de croissance et un faible poids de naissance. Une dysmorphie faciale caractéristique n’est retrouvée que chez quelques patients (crâne étroit, bosse frontale, large arête nasale, philtrum long et narines dilatées). Les lésions cérébrales structurelles sont fréquentes, surtout chez les filles. D’autres patients développent les symptômes peu après la naissance : troubles métaboliques (acidose lactique potentiellement mortelle, parfois associée à une hyperammoniémie, problèmes d’alimentation, somnolence, tachypnée) avec peu de signes neurologiques, ou bien signes neurologiques prédominant (retard psychomoteur, retard de croissance, retard des acquisitions ou perte des repères moteurs, hypotonie, convulsions, ataxie, dystonie). Des cas plus légers le stress ou autres maladies peuvent déclencher les manifestations. Dans de nombreux cas le tableau clinique, l’évolution et la neuropathologie sont ceux du syndrome de Leigh (voir ce terme).
Etiologie
Le DPD est dû à un déficit d’un composant du complexe PD, la mutation du gène PDHA1 (Xp22.1) codant pour la protéine E1-alpha étant la plus fréquente. Des mutations d’autres gènes sont moins fréquents : protéines E1-bêta et E2, gènes PDHB et DLAT, protéine de liaison E3, le gène PDHX, protéine E3, phosphatase DLAT et PDH, et PDP1.
Méthode(s) diagnostique(s)
Un DPD doit être envisagé en cas de troubles neurologiques d’apparition précoce et d’acidose lactique inexpliquée, surtout en cas de malformations cérébrales. La concentration de lactate dans le LCR est souvent disproportionnellement plus élevée que celle du sang. Le diagnostic est posé devant une anomalie de fonctionnement enzymatique et la démonstration en immunochimie du déficit spécifique d’une sous-unité.
Diagnostic(s) différentiel(s)
Le diagnostic différentiel inclut d’autres causes d’acidose lactique primitive (déficit en pyruvate carboxylase, troubles de la gluconéogenèse et maladies mitochondriales). Dans les cas ressemblant au syndrome de Leigh, il inclut diverses formes de déficiences du complexe 1, le déficit en cytochrome oxydase par mutation du gène SURF1 (voir ces termes) et plusieurs mutations de l’ADN mitochondrial.
Diagnostic prénatal
Du fait de la gravité de la maladie, un diagnostic prénatal doit être fait dans les familles à risque (biopsie du trophoblastes ou amniocentèse). La plupart des cas sont sporadiques du fait de la faible espérance de vie associée à la maladie.
Conseil génétique
Du fait de la complexité génétique, un conseil génétique doit être proposé aux familles.
Prise en charge et traitement
Le traitement vise à stimuler le complexe PD ou à fournir une source d’énergie alternative au cerveau. Une supplémentation en thiamine, carnitine et acide lipidique est recommandée. Très peu d’enfants avec la mutation du gène PDHA1 répondent à la thiamine. Un régime cétogène est préconisé en cas de dystonie. Le dichloroacétate a été utilisé mais d’importants effets secondaires à type de neuropathie périphérique limitent son efficacité. Il n’existe aucun traitement efficace contre les anomalies de développement prénatal du SNC.
Pronostic
Le pronostic est variable mais généralement mauvais en termes de développement et d’espérance de vie
Editeur(s) expert(s) : Dr Garry BROWN – Dernière mise à jour : Avril 2012